La vraie vie d'adulte.
Remontons le temps, soyons des fous.
Quand j'étais enfant, il n'y a pas si longtemps donc, j'étais persuadée que la vraie vie débutait lorsque l'on devenait un adulte, donc que c'était à cet instant précis que le monde allait s'ouvrir à moi, que j'allais véritablement être et vivre, au sens propre. J'avais le sentiment que la jeunesse n'était qu'une introduction moelleuse et confortable durant laquelle notre seul souci était d'acquérir toutes les capacités nécessaires à notre entrée dans la prometteuse "vraie vie d'adulte". Lorsque je me questionnais sur mon futur métier, j'étais vite rassurée par maman qui m'assurait un avenir professionnel des plus brillants. Lorsque l'évidence de la mort m'est apparue, j'étais alors en CE1, c'est elle encore qui me promettait une longue vie d'au moins 100 ans. En ce qui concerne ma future vie sentimentale, je n'avais pas de soucis à me faire non-plus, il était clair que le prince charmant allait se pointer sur son fidèle destrier, blanc de préférence, et qu'il m'emporterait avec lui far far away et que nous aurions, à notre tour, de beaux enfants.
Tout ça relevait de l'évidence, j'en étais convaincue.
Aujourd'hui, si je porte un regard sur ma propre vie, mes sentiments sont plutôt mitigés. Premier constat: la vie utopique que l'on m'avait promise n'existe pas. Non, je ne suis pas immortelle, ni riche, ni même kinésithérapeute, sans parler de ce foutu père Noêl qui n'existe pas. (Je dévie). Non, je ne roule pas en cab' rouge vif, je ne voyage pas, je ne mange jamais de caviar et je vais chez le coiffeur qu'une fois pas an. Comment ai-je pu croire si fortement et si longtemps que la vie était forcément belle et facile? Que chaque jour serait synonyme de joie et de fête, d'amour, d'argent? Quel choc de se rendre compte que de nos jours tout n'est pas rose, qu'il faut être bonne pour trouver un prince, diplomée pour espérer décrocher ne serait-ce qu'un CDD, friquée pour profiter de la vie, mensualisée pour pouvoir payer ses factures, quinquagénaire pour voyager.
Merde c'est ça la vie !?!
Je me demande dans quelle mesure la promesse d'une vie si parfaitement utopique ne participe pas trop fortement à cette inévitable désillusion qu'est "la vraie vie d'adulte".